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Libération

A Cité-Soleil, la menace des gangs

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Dans le grand bidonville, des habitants ont lynché un caïd.
publié le 23 janvier 2010 à 0h00

Il faisait la loi, «Blade», et pensait à nouveau l'imposer. Il voulait se venger de ceux qui l'avaient fait tomber. Il incarnait la peur, ce chef de gang de Boston, un quartier de Cité-Soleil. Il était l'un des 3 000 prisonniers échappés de la prison détruite par le tremblement de terre. Il était revenu, après trente mois derrière les barreaux et ça «tirait beaucoup», euphémise-t-on.

Il a été lynché, lundi, par des habitants de ce bidonville de Port-au-Prince, où vivent quelque 200 000 habitants. «On lui a coupé jusqu'aux couilles, se marre un policier du commissariat flambant neuf, qui propose - contre des dollars - des photos. Mais dites bien que c'est pas nous, là.»

Jean Eoldy Torchon de son vrai nom, alias Blade (qui singeait le chasseur de vampires incarné par Wesley Snipes), était «une ordure de la pire espèce, raconte un habitant. Capable d'enlever des gosses de 9 ans, de demander des rançons de 1 000 dollars, prendre le pognon, flinguer le môme et donner le corps aux chiens.»«D'autres sont là, on les croise, mais ils font profil bas», note Moïse Cely, médecin au centre de santé Chapi, dans la principale artère.

La population est en incandescence. La pacification de Cité-Soleil a été l'un des rares succès de René Préval depuis son arrivée en 2006. Après avoir tenté de négocier avec les ex-chimères d'Aristide reconvertis en membres de gangs, le Président a tenté de changer le visage du plus grand bidonville d'Haïti.