Ceux qui estiment que l'argent domine déjà la politique américaine n'ont sans doute rien vu encore. Une décision de la Cour suprême des Etats-Unis, rendue jeudi, vient de lever la plupart des restrictions qui pesaient sur les entreprises pour limiter leur poids dans les campagnes électorales. «Préparez-vous à des candidats au Sénat américain qui vous seront présentés directement par Coca-Cola ou Bank of America», met en garde Bill Buzenberg, directeur du Center for public integrity, effondré par cette décision.
Boulevard. Depuis 1947, plusieurs lois avaient interdit aux entreprises d'utiliser leur argent pour soutenir directement des candidats aux élections. En 2002, une loi bipartisane, tramée par les sénateurs John McCain et Russel Feingold, avait précisé que les entreprises ne devaient pas financer des publicités appelant à voter pour ou contre un candidat, dans les semaines précédant une élection. Par 5 voix contre 4, la Cour suprême a déclaré ces restrictions contraires au premier amendement de la Constitution : la sacro-sainte liberté d'expression doit aussi s'appliquer aux entreprises, a jugé la Cour.
Cet arrêt équivaut à une «secousse sismique», résumait vendredi le Washington Post. Un nouveau flot d'argent privé dans les campagnes pourrait s'ensuivre, et surtout des pressions plus directes que jamais sur les candidats ou les élus, à tous les niveaux de la politique américaine. Les lobbyistes, déjà très puissants à W