Menu
Libération

Haïti : MSF à bloc dans le chaos

Article réservé aux abonnés
Amputations à la chaîne, opérations dans un conteneur... les médecins sont débordés.
Un dispensaire de Médecins sans Frontières à Port-au-Prince le 16 janvier. (© AFP Julien Tack)
publié le 23 janvier 2010 à 0h00

«C'est comme une guerre civile. On fait avec les moyens du bord, on n'a même pas de quoi prendre la tension.» Elle dit ça, Deane Marchebier, médecin américain au français aussi nerveux que la seringue qu'elle manipule. Puis injecte un anesthésiant à un blessé au pied nécrosé. Gangrène gazeuse : amputation obligatoire. L'homme s'endort, les yeux ouverts. Sans oxygène, sans contrôle du pouls. «Comme une guerre ? Non, c'est pire, corrige Jordy Cox, toubib britannique, passé en mission humanitaire via la république démocratique du Congo. Dans les pays en conflit, il y a quand même des infrastructures encore debout et un peu de sécurité. Là, c'est même pas le cas.»

Delmas 19, ou «Trinité», est l'un des cinq centres d'urgence monté - ou remonté - par Médecins sans frontières (MSF). Dix jours après le séisme, on s'y bouscule encore. Deux «blocs chirurgicaux» opèrent à la chaîne. Le premier à l'air libre, entre deux tissus de fortune qui peinent à filtrer les rayons brûlants du soleil. Le deuxième à l'intérieur d'un conteneur, qu'un ventilo tente - en vain - de rendre supportable. «On fonctionne grâce au matériel récupéré en face», dit Martine Berret, médecin haïtienne. En face, c'est l'hôpital Trinité, jadis géré par MSF, qui n'a que son squelette de béton éventré à offrir. Avec, sous lui, des malades ensevelis. «Heureusement qu'on a récupéré ce stock, sinon, on serait déjà sur le flanc.»

«Vies sacrifiées». Comme