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Libération
Reportage

Déluge d’illuminés en Haïti

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Evangelistes, scientologues, ONG religieuses… Les missionnaires du chaos sont partout en Haïti pour apporter de l’aide et professer leur bonne parole.
publié le 27 janvier 2010 à 0h00

Les «mercenaires de la foi» déferlent sur Haïti. «Une armée de la fin des temps, prophétiques, des missionnaires de la pitié», prévient le site internet de Crisis Response International, ONG de Kansas City, capables de faire la «démonstration de pouvoir du royaume de Dieu». «On va là où Jésus nous appelle», dit l'un d'eux. Beaucoup d'illuminés, médecins ou simple missionnaires, ont visiblement entendu des voix. «Ils sont venus prospérer sur la misère», déplore l'abbé Pierre-André, de l'église Sainte-Bernadette, à Martissant, un bidonville de Port-au-Prince. Comme à la Quisqueya Christian School (QCS), rue 75, à Delmas. Dans cette banlieue de la capitale, de rutilants 4 X 4 immatriculés «Pray for America» patientent. Six immenses tentes sont dressées sur un terrain où déambulent des rednecks au teint crayeux. «On ne reçoit pas de journalistes, je vais vous demander de sortir, vite», invite, à sa façon, un «fidèle». QCS se veut un «centre de commandes» d'une multitude de réseaux des «églises nouvelles». Mieux, assure l'une des ouailles, l'armée américaine en aurait fait un arrière-base…

Ils sont partout à Haïti. Des religieux parfois de bonne foi, souvent aux pratiques sectaires. Et qui sermonnent ou évangélisent, opèrent ou baptisent, pullulent et agacent, surtout. «Qui sont-ils ? Comment sont-ils venus ? Quels comptes rendent-ils ?» s'énervent Véronique Ductan, infirmière haïtienne venue de Montr