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Décryptage

Berlin tâtonne sur sa politique de la tétine

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par Lilith Volkert
publié le 30 janvier 2010 à 0h00

Ce n’est pas par hasard si la chancelière allemande, Angela Merkel, la femme politique considérée la plus puissante au monde, n’a pas d’enfant. Elle gouverne un pays où les femmes ont longtemps été censées s’orienter vers les fameux trois K : «Kinder, Küche und Kirche» («enfants, cuisine et église»). Bien que cette conception du monde soit aujourd’hui officiellement contestée par tout le monde, l’Allemagne reste un des pays occidentaux les plus défavorables aux femmes voulant concilier vies familiale et professionnelle. Seulement 56% des mères travaillent, dont deux tiers à mi-temps. Dans l’inconscient allemand, il y a encore l’idée bien ancrée, héritage entre autre de la glorification de la maternité par le nazisme, que le petit n’est bien qu’auprès de sa mère. Une fiscalité favorisant les familles au revenu unique a renforcé cet état de fait.

De moins en moins de femmes sont ainsi disposées à sacrifier leur carrière aux enfants et le taux de naissance en Allemagne est le plus faible de toute l'Europe (8,3 enfants pour 1 000 habitants). Pour renverser la tendance, les autorités essaient désormais de convaincre les femmes bien éduquées de faire des enfants en leur délivrant une allocation consistante (elterngeld) - correspondant aux deux tiers de leur revenu - pendant l'année de congé parental. C'est une ministre conservatrice, Ursula von der Leyen, en charge des Affaires sociales et de la Famille de 2005 à 2009, qui a mis en place cette allocation : elle n'a pas seu