Le contraste n'aurait pu être plus grand. Devant le centre de conférence Elizabeth-II, à deux pas de Downing Street, la foule s'est massée sous une pluie battante, armée de pancartes et de tee-shirts imprimés «Jail Tony» («Emprisonnez Tony»). Et dans la petite salle qui abrite les débats de la commission d'enquête (nommée par le gouvernement de Gordon Brown) s'est établie pendant six longues heures une conversation policée entre gentlemen. Débat à peine émaillé ça et là d'une once d'agacement ou de tension. Arrivé par une entrée dérobée, pour éviter les 250 manifestants, Tony Blair s'est assis à 9 h 30 précises face aux cinq membres de la commission, anciens hauts fonctionnaires et diplomates. Peut-être en raison du regard, posé sur son dos, des 40 membres des familles des 179 soldats britanniques tués en Irak. «Je n'attends rien de son audition», affirme, désabusée, Deirdre Gover, dont le fils Kristian a été tué en 2003.
De fait, Tony Blair a vite retrouvé son allant et s'est même offert le luxe de digressions géopolitiques, insistant à plusieurs reprises sur la menace nucléaire de l'Iran. Très bien préparé, l'ancien Premier ministre n'a jamais exprimé de regret, ni reconnu aucune erreur. L'intervention militaire était selon lui, à l'époque, «la bonne marche à suivre». Quant à la question de sa légalité - qui a été au cœur des débats ces dernières semaines -, il l'a balayée d'un revers de manche. «C'était une question de jugement.» Au moment de con