Avec son chemisier blanc et son gilet noir, Remi Sato a tout d'une sage étudiante. L'apparence est trompeuse. Derrière ce visage maquillé en fausse timide, se cache une jeune femme coriace qui ne s'en laisse pas compter. Quand elle a quitté l'université, en mars, pour intégrer le département des relations publiques d'une grande entreprise japonaise de télécommunications, elle a mis en garde son ami: «Même si nous nous marions, même si nous avons un enfant, je ne quitterai pas mon emploi. Ça ne se discute même pas.»
Ce qui semble une évidence en France ne l'est pas au Japon où 70 % des femmes abandonnent carrières et ambitions pour élever les enfants et gérer le foyer en maîtresse disciplinée. Le nouveau gouvernement dit vouloir inverser cette tendance. La première dame du Japon, l'épouse du Premier ministre, Miyuki Hatoyama, vient d'ailleurs de déclarer qu'il fallait «changer une société centrée sur l'homme». L'ami de Remi n'a rien trouvé à redire. Il s'est fait à l'idée que sa compagne voulait rester financièrement indépendante et pouvait prendre du bon temps après le travail, à l'égal d'un vrai «salaryman», l'employé japonais qui enchaîne une soirée arrosée entre collègues après de longues heures au bureau.
Ce soir, Remi Sato a justement rendez-vous avec une amie dans un izakaya, le bistrot nippon où l'on partage plats du jour et boissons, à Omiya, en banlieue nord de Tokyo. Remi y a ses habitudes. «Je ne supporte pas l'image tradition