Le lieu-dit Calebasse, sur la commune de Fermathe, se trouve sur les hauteurs de Port-au-Prince. Un plateau rocailleux à 1 000 mètres d'altitude. Il pleut. C'est à une bonne heure et demie de route de l'orphelinat Herman-Gmeiner SOS Enfants, à la Croix-des-Bouquets où trente-trois enfants ont été conduits samedi matin. «Trente-trois enfants victimes ces derniers jours d'enlèvements», explique l'une des responsables, qui refusera d'en dire plus alors que les parents commençaient hier soir à venir récupérer leur progéniture.
C'est sur le terrain de foot de Calebasse qu'un minibus de marque japonaise «aux vitres fumées», conduit par cinq baptistes dominicains accompagnés de deux Haïtiens, s'est arrêté vendredi matin après dix heures de route depuis Saint-Domingue. Il est reparti trois heures plus tard avec vingt et un enfants, dont la petite Jenny, 10 mois. L'autocar a été arrêté à la frontière : «Notre devoir est de ne pas mettre en sourdine notre vigilance. Des instructions ont été données au poste-frontière pour ne pas se laisser abuser par cette solidarité envers les enfants haïtiens. La compassion a parfois bon dos…», disait à Libération il y a trois jours Aramick Louis, secrétaire d'Etat à la Sécurité publique, à propos des cas d'enlèvements. Etrangement, le ministre de la Justice, joint hier, disait «tout ignorer de cette affaire». Son collègue de la Sécurité publique, lui, n'est «pas du tout au courant de ces cas d'enlèvem