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Critique

Moravia en vie

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La biographie de l’écrivain italien par René de Ceccatty, romancier et critique qui fut son traducteur et ami
publié le 4 février 2010 à 0h00

Avec son regard intense sous ses sourcils broussailleux et sa haute silhouette claudicante, legs d'une tuberculose osseuse infantile, Alberto Moravia était une figure incontournable des terrasses de la gauche romaine. Ecrivain précoce - il publia son premier roman, les Indifférents, à 22 ans -, il est resté jusqu'à sa mort, en 1990, une figure de référence en Italie. «Ses voyages à travers le monde, sa superproductivité, la démultiplication de ses domaines d'intervention, la richesse et la longévité de sa vie sentimentale» incitent, comme le relève René de Ceccatty, à comparer son rôle à celui de Jean-Paul Sartre en France. Il en fut d'ailleurs l'ami et partageait nombre de ses engagements même s'il est toujours refusé à donner dans la littérature militante.

Voyageur. La vie des grands écrivains se résume finalement souvent à leur œuvre. Celle d'Alberto Moravia en revanche est peut-être encore plus intéressante par ses multiples rencontres et engagements que son œuvre elle-même, si quelques-uns de ses romans - notamment les Indifférents (1929), la Belle Romaine (1947), le Conformiste (1951) et l'Ennui (1960) - furent de grands succès et marquèrent chacun. D'où l'intérêt de cette ample biographie empathique écrite par un romancier et critique qui fut son traducteur et aussi son ami. Alberto Moravia devient le fil d'un passionnant récit de quelque soixante ans de vie intellectuelle italienne, depuis le fasci