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Libération

Le passé dictatorial du Brésil jette un froid entre Lula et l’armée

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par Chantal Rayes, SAO PAULO, de notre correspondante
publié le 5 février 2010 à 0h00

L'heure est à l'apaisement entre le président brésilien Lula et son armée. Fin décembre, les chefs des trois armées, imités par le ministre de la Défense, Nelson Jobim, avaient menacé de démissionner à cause d'un décret prévoyant la création d'une «Commission nationale de la vérité» pour faire la lumière sur les violations des droits de l'homme pendant la «répression politique», c'est-à-dire la dictature militaire (entre 1964 et 1985). Pour eux, ce texte «excessivement insultant, agressif et revanchard» - il a été reformulé depuis par Lula - risquait de conduire à une révision de l'amnistie de 1979.

Puis ce fut au tour du secrétaire national aux Droits de l'homme, Paulo Vannuchi, de mettre sa démission sur la table si le décret, dont il est l'auteur, était défiguré. Membre du Parti des travailleurs de Lula, Paulo Vannuchi est issu de la guérilla d'extrême gauche qui a lutté contre la dictature. A son retour de vacances, le 11 janvier, le président aurait avoué avoir signé le décret sans le lire… Depuis, Lula a fait savoir qu'il n'avait nulle intention de revenir sur l'amnistie. Il a supprimé les mots «répression politique» de l'objet de la commission, ouvrant la voie, comme le souhaitait l'armée, à ce que les actes de la guérilla soient également examinés. Il faut cependant que le Congrès approuve la création de la commission vérité.«Une commission est nécessaire, car le Brésil est le seul pays de la région à n'avoir pas révélé son passé dictato