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Libération
Reportage

«Dieu attendra, j’ai encore du boulot sur Terre»

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A Port-au-Prince, l’école Saint-Gérard a été durement touchée par le séisme. Les prêtres qui l’administrent tentent de maintenir la foi et de faire barrage à la montée des sectes.
Une Haïtienne passe devant un cimetière, le 6 février 2010. (AFP Thony Belizaire)
publié le 8 février 2010 à 0h00

Une sensation de «vertige» s'empare «parfois» du père Abélard Thomas, 36 ans, curé de la paroisse Saint-Gérard dans le quartier de Carrefour-Feuilles, sur les hauteurs de Port-au-Prince. Saint-Gérard était visible de très loin «grâce à sa croix lumineuse» : «C'était comme un repère pour tous, un phare…» La paroisse compte «environ 10 000 âmes, trois prêtes et un diacre». Le dimanche, dès 6 h 30, les pères se succédaient pour célébrer cinq messes dans l'église aujourd'hui écroulée. La statue en plâtre de sainte Thérèse, nichée dans un mur, est fendillée. Le tabernacle est sous un amas de poutrelles. Il reste deux stations du chemin de croix, couvertes de poussière, la 9 et la 11 : Jésus tombe pour la troisième fois et Jésus meurt sur la croix. La paroisse administre une école de 270 élèves. «Des tout petits et des jeunes de 14 ans, qui travaillent le matin comme commis chez des gens aisés et suivaient des cours l'après-midi.» L'école de deux étages s'est effondrée sur la classe du maître Gilbert Jean-Baptiste. Son épouse, «[qui s'occupait] des plus petits, est aussi dessous». Le père avance le chiffre de 55 morts, «mais il est impossible de donner le nombre exact de victimes. Toutes les familles ne se sont pas manifestées et les archives se trouvent sous les décombres».

«Doute». Les pères Alix et Claudel parlent, eux, d'un «ébranlement de la foi» face à cette tragédie. Le père Thomas pense