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interview

«Avec de l'uranium enrichi à 20%, l'utilisation militaire devient de plus en plus facile»

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Alors que Téhéran vient d'entamer la production d'uranium enrichi à 20%, Bruno Tertrais, spécialiste des questions stratégiques, analyse les conséquences éventuelles.
Photo fournie par le site web du bureau de la présidence, le 8 avril 2008 montrant le président Ahmadineajd visitant le centre d'enrichissement d'uranium à Natanz, à 270 km au sud de Téhéran (AFP Ho)
publié le 9 février 2010 à 15h20
(mis à jour le 9 février 2010 à 15h28)

L'Iran a commencé ce mardi à enrichir de l'uranium à 20% dans son usine de Natanz, comme c'était

depuis le week-end dernier. Ali Akbar Salehi, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, a précisé que la cascade de 164 centrifugeuses,

«plus à l'échelle d'un laboratoire»

que d'une usine, produirait

«3 à 5 kilos d'uranium enrichi à 20% par mois pour le réacteur de recherche de Téhéran, ce qui est le double de nos besoins»

.

Bruno Tertrais, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique et auteur de La Guerre (1), revient sur le volet technique du dossier nucléaire iranien.

Le lancement par Téhéran de la production d'uranium enrichi à 20% est-il si inquiétant, puisqu'il est admis qu'il faut de l'uranium enrichi à 90% environ pour développer du nucléaire militaire?

Oui, c'est inquiétant pour deux raisons. D'abord parce qu'à partir de 20% l'utilisation militaire commence à devenir réaliste, 90% n'étant que le "seuil idéal". Ensuite et surtout parce que pour des raisons techniques complexes, une fois que vous êtes arrivé à 20% il est possible d'arriver à 90% très rapidement.

Téhéran franchit-il un seuil en passant d'un faible enrichissement (3,5%) à un enrichissement à 20%? Quelle est la nature de ce seuil?

Ce ne sont pas des seuils techniques mais des seuils conventionnels. Aux environs de 20%, l'utilisation militaire devient de plus en plus facile. C'est pour cela que l'AIEA parle de ce seuil de