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portrait

Bien en vie

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Sheila Dorceus. Etudiante à Port-au-Prince, elle a perdu sa sœur et une jambe dans le séisme d’Haïti. Mais reste toute tournée vers l’avenir.
publié le 9 février 2010 à 0h00

Sheila Dorceus a été extraite des décombres jeudi 14 janvier en fin de journée. Deux jours après le tremblement de terre qui a réduit en poudre Port-au-Prince. Elle a été amputée de la jambe droite à l’hôpital général de la ville , juste au-dessus du genou, par un chirurgien qu’elle pense américain : «Il parlait anglais… Maintenant, c’est comme si on me claquait des élastiques sur la jambe. Ça pique un peu, c’est tout.»

Sheila, plus potelée que sa sœur Bertha, habitait avec celle-ci au rez-de-chaussée d'une maison en parpaings, au 27 de la ruelle Bouchette, dans le quartier de Carrefour-Feuilles. Sheila était en dernière année «de comptabilité» à l'université de Port-au-Prince. L'amie de Sheila, Miskaelle Bolivar, était en train de remonter le son de la télévision quand la terre a tremblé : «Je l'ai vue déraper sous la table.» Puis la maison s'est affaissée : «Le plafond a écrasé ma sœur qui était assise sur une chaise. Le béton du plafond est tombé sur ma jambe. Je n'ai pas eu mal sur le coup. Ma sœur était tout contre moi. Le sang coulait de son oreille. Morte sur le champ.»

Sheila a dit que c'était comme «un nid», cette poche où elles ont attenu les secours : «Plus tard, j'ai entendu les voix de mes trois voisines, mesdames Nise, Andy et Celin, qui criaient mon nom. J'ai répondu. J'ai toujours tenu la main de ma grande sœur jusqu'à la fin. Je lui ai parlé tout le temps. Je lui ai dit de me donner son énergie, sa force. Elle m'a donné