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La revanche de l’homo sovieticus Ianoukovitch

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Après avoir été balayé par la rue en 2004, le favori du Kremlin a remporté dimanche la présidentielle ukrainienne.
L'opposant pro-russe Viktor Ianoukovitch a remporté l'élection présidentielle de dimanche en Ukraine (photo AFP)
publié le 9 février 2010 à 0h00

A sa place, tout autre que Viktor Ianoukovitch serait allé cacher sa honte dans sa lointaine campagne, à moins qu'il n'eût été jeté en prison par ceux qui l'avaient démasqué. Pas lui. Le vainqueur fraudeur de la présidentielle de 2004, déboulonné par des centaines de milliers de manifestants qui avaient occupé le centre de Kiev pendant des semaines, s'est accroché : il a conservé la direction de son parti et sa liberté. Six ans plus tard, Ianoukovitch tient sa revanche. «Merci à Dieu de nous avoir aidés à ouvrir un nouveau chapitre dans l'histoire de notre pays», a déclaré dimanche soir le leader de l'est - russophone et russophile - de l'Ukraine en guise d'épitaphe de la révolution orange.

Désavoué par l’électorat dès le premier tour, le président pro-occidental sortant, Viktor Iouchtchenko, issu de la révolte de la rue, quitte la scène politique après un mandat caractérisé par le marasme économique et une guerre des chefs incessante dans le camp orange. C’est d’ailleurs à la faveur de ces turbulences que Ianoukovitch a pu faire son retour, tel un phénix resurgi de ses cendres. En 2006 déjà, il revient au premier plan comme Premier ministre. Passant l’éponge sur la fraude électorale au lieu de faire appel à la justice, c’est Viktor Iouchtchenko lui-même qui, incapable de réunir une majorité, lui a confié ce poste. Il y reste un an, le temps de se refaire une virginité et de s’affirmer comme le seul leader de l’opposition.

Viktor Ianoukovitch n'a jamais eu le moindre