Une fois de plus, hélas, l’amour risque de faire ses ravages, ou plutôt l’amour mal compris ! Quitter son pays, soudainement, quand celui-ci se trouve en plein désastre, ne va de soi pour personne et ne peut être qu’un traumatisme surajouté pour des enfants qui ont vu leur pays s’effondrer, dans toutes les acceptions du terme. Quitter Haïti en catastrophe pour être accueilli par sa future famille d’adoption, à l’autre bout du monde, pose encore davantage de problèmes, et ceci même en cas de «dossiers déjà finalisés», selon le terme que nous ressassent à l’envi les médias dégoulinants de bons sentiments dont on sait à quel point ceux-ci peuvent se révéler à double tranchant !
Faire le voyage tout seul, transiter par des aéroports étranges et surtout inconnus, être empêché de s'exprimer authentiquement du fait d'une gangue de pseudo-bonté politically correct, être accueilli entre deux portes par des parents angoissés, tout ceci ne peut qu'aggraver le fait central qui tient en ceci : mal quitter son pays d'origine ne prépare en rien à bien arriver dans son pays d'accueil. Qui peut dire si ces enfants ne s'en voudront pas toute leur vie d'avoir abandonné leurs familles d'origine ou les adultes qui prenaient soin d'eux, dans des souffrances qui leur auront été, à eux évitées, mais au risque de se sentir coupables d'être rescapés, d'être survivants ?
Que l’on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas, puisque, bien sûr, je me réjouis, comme tout un chacun, que ces adoptions