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Libération

Le «paco» ravage la jeunesse argentine

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par Mathilde Guillaume, Correspondante à Buenos Aires
publié le 11 février 2010 à 0h00

Les Mères de la place de Mai, qui manifestent chaque semaine à Buenos Aires pour exiger la vérité sur leurs enfants disparus durant la dictature (1976-1983), ont pris de nouvelles habitudes. Les jeudis, avant de commencer leur ronde devant le palais présidentiel argentin, elles conversent quelques minutes avec d'autres mères, plus jeunes, dont le fichu noir orné d'une tête de mort est le pendant macabre de leur fichu blanc. Ce sont les Mères contre le paco, cette drogue du pauvre (moins de 50 centimes d'euro la dose) qui se fume comme du crack et provoque des ravages neuronaux presque immédiats. Les panneaux brandis déclarent sans détour : «Les morts du paco sont les disparus de la démocratie.»

Environ 85 000 Argentins en seraient aujourd'hui dépendants, selon le secrétariat d'Etat aux Drogues et au Narcotrafic, mais rien n'est fait pour aider les familles de drogués. Maria Rosa Gonzales, la fondatrice de l'association, s'insurge : «Le gouvernement ne veut pas prendre conscience du problème, il n'y a aucune prise en charge officielle des malades. Le paco tue nos jeunes et aggrave les problèmes liés aux gangs et au trafic d'armes.» Cette drogue, également appelée pâte basique de cocaïne (PBC), est un résidu de la fabrication du chlorhydrate de cocaïne, la croûte qui reste attachée au fond de la casserole. A laquelle viennent s'ajouter des solvants tels que du kérosène, des pesticides ou même du verre de néon pilé. Maria Rosa a vu les dégâts que provo