Quand Mehdi, un jeune ingénieur, est monté mercredi dans un taxi collectif de Téhéran, il a trouvé sur la banquette des tracts appelant à manifester. Le chauffeur a fait mine de ne pas savoir qui les avaient déposés là, ni quel en était le contenu. «Mais vous pouvez en prendre un», lui a-t-il simplement déclaré.
L’opposition iranienne est à la mesure de l’anecdote. Elle est là, dans la rue, nombreuse, déterminée, présente à chaque occasion malgré les menaces terribles du régime, mais demeure largement fantomatique. Pourtant, lors des manifestations de l’Achoura, le 27 décembre, il y a eu des heurts jusque dans les quartiers les plus reculés de Téhéran. Quand elle mobilise, c’est par bouche-à-oreille et essentiellement par Internet. D’où l’impression que le régime est en guerre contre la Toile: il a suspendu hier les connections Google.
Slogans. Un chiffre donne la mesure de la menace à laquelle le régime doit faire face : on estime à 27 millions le nombre d'internautes en Iran - 33 millions selon les pasdaran. Il faut ajouter celui des bloggers : jusqu'à 370 000. Ceux qui sont en faveur du régime sont semble-t-il entre 27 000 et 35 000. «L'interactivité, c'est le cœur de la bataille, souligne Ahmad Salamatian, politologue iranien réfugié à Paris. Mais si l'Amérique, le pays le plus puissant au monde, n'a pas réussi à contrôler les mails d'Al-Qaeda, comment un régime imbécile et boiteux comme celui-ci pourrait-il le faire?»
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