Le 11 février 1990, Didier François, aujourd'hui toujours détenu en Syrie où il a été enlevé il y a six mois avec le photographe Edouard Elias, avait suivi pour Libération la première apparition publique au Cap de Nelson Mandela redevenu libre.
Du grand spectacle ! Survolée par cinq hélicoptères, quatre pour les networks américains, un pour la police, la voiture de Nelson Mandela se devinait plus qu'elle ne se voyait, filant dans les vignes de Paarl. Sur les 7 kilomètres qui séparent son ancienne résidence surveillée de la porte du pénitencier, les gros bourdons ne l'ont pas lâché. Après vingt-sept ans de réclusion, le plus célèbre prisonnier politique du monde allait marcher libre sur la route de campagne qui borde la prison de Victor Verster.
Il est 4h15, exactement, quand une immense forme longiligne s'extirpe d'un véhicule gris. La foule de militants massée à la sortie gronde de joie. «ANC ! ANC !» des drapeaux s'agitent, noirs, verts et or. Il ne reste plus à Nelson Mandela qu'à parcourir une centaine de mètres pour se trouver dehors. Tout est prévu. Un important cordon de policiers en uniforme bleu double les grilles. Après, ce sont les camarades, en battle-dress kaki, qui prennent le relais. Le vieux dirigeant doit saluer rapidement ceux venus l'accueillir, puis prendre le chemin du Cap.
Le poing levé, sourire radieux aux lèvres, Nelson Mandela s’avance de sa démarche dégingandée un peu girafe. Dans sa main gauche, il tient celle de sa