Elle a témoigné des horreurs de la dictature argentine devant la Commission des droits de l’homme de l’ONU, devant Amnesty International, devant l’association des Grand-mères de la place de Mai cherchant leurs petits-enfants enlevés par les militaires, devant le président François Mitterrand soutenant les familles des Français disparus, devant les justices allemande et italienne instruisant la mort de leurs ressortissants, devant le juge espagnol Baltasar Garzón enquêtant sur les crimes du général Pinochet…
Lorsqu'elle entrera dans la salle du tribunal de Buenos Aires, Elena Alfaro, 57 ans, aura le sentiment de toucher enfin au but. Ou presque. Elle sera en effet partie civile et témoin clé dans un procès historique, celui des responsables d'El Vesubio, l'un des plus sinistres camps de la dictature militaire argentine (1976-1983). Soulagée qu'enfin justice soit rendue, elle aura toutefois un regret : que la France ne se soit pas portée partie civile, à la différence de l'Allemagne dont une ressortissante a été détenue à El Vesubio, puis assassinée. Deux Français, Françoise Dauthier et Juan Marcelo Soler Guinard - parmi les dix-huit qui ont été victimes de la dictature - ont pourtant disparu dans ce camp. Elena Alfaro les a côtoyés. Pour honorer leur mémoire, elle a mené campagne, écrit des dizaines de lettres, y compris à Nicolas Sarkozy. Pour que Paris agisse. En vain.
Un des hauts lieux de la lutte «antisubversive»
Réfugiée en France en 1982, française depui