Les déchets jusqu'à la lie. Rien n'aura été épargné aux victimes du Probo-Koala, du nom de ce cargo affrété par la société Trafigura qui, en août 2006, avait déversé avec la complicité de responsables locaux des boues toxiques dans l'agglomération d'Abidjan, intoxiquant des milliers de personnes. Une sordide bataille de gros sous se déroule actuellement sur leur dos. L'enjeu : récupérer les 33 millions d'euros débloqués par Trafigura dans le cadre d'un accord à l'amiable qui avait été conclu en septembre avec Leigh Day, cabinet d'avocats britannique représentant 31 000 victimes ; soit environ 1 150 euros par personne.
Choc. Contre toute attente, le 22 janvier, la cour d'appel d'Abidjan a ordonné le transfert de ces fonds, jusqu'ici placés sur un compte géré par le cabinet, à un ressortissant ivoirien, Claude Gohourou. A la tête d'une Coordination nationale des victimes, ce dernier affirme être leur seul représentant légitime. Et il accuse le cabinet Leigh Day de ne pas jouer franc jeu dans cette affaire.
Martin Day, l'avocat britannique qui avait mené la class-action, a fait appel devant la Cour de cassation d'Abidjan, dont le jugement est attendu ces jours-ci. «En trente ans d'expérience, je n'ai pas souvenir d'une décision judiciaire plus déprimante : 30 000 Ivoiriens attendaient ce dédommagement pour leur permettre d'améliorer leur qualité de vie. Il y a maintenant de très grandes chances qu'ils n'en voient même pas un centime», a-t-il lan