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Haïti : «Nous sommes guidés par les esprits»

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Débarrassé de ses oripeaux hollywoodiens, le vaudou connaît depuis le séisme un nouveau souffle en Haïti. Un culte qui ambitionne de renverser le catholicisme.
Un prêtre vaudou crache un mélange d'alcool et de piment sur des disciples, durant une cérémonie (REUTERS)
publié le 17 février 2010 à 0h00

Monsieur Max Beauvoir, grand prêtre vaudou, tient d'abord à chasser «les ombres» qui entourent son culte. Monsieur Beauvoir, élevé chez les pères, franc-maçon et chimiste, «formé à l'université de Reims», est un puits de bonne éducation qui se recommande fréquemment du président René Préval quand il s'exprime : «J'ai dit au Président que… Le Président partage avec moi… J'ai vu le Président en entretien privé…» Monsieur Beauvoir est une excellente réclame pour le culte vaudou. Il s'empresse d'ailleurs de nuancer les frissons répandus par un de ses confrères, qui assurait dernièrement que la catastrophe était prévisible «car les esprits n'avaient pas été écoutés». Monsieur Beauvoir balaye cette interprétation. «Les esprits n'ont rien à voir là-dedans ! Il s'agit d'une explication rationnelle, géophysique. Ce qui ne veut pas dire que tout s'explique, n'est-ce pas. Moi-même, voyez-vous, j'ai joué au Rubik's Cube peu avant le tremblement de terre. C'était très inhabituel de ma part. J'étais désœuvré ce jour-là, sans rien de concret à accomplir. Je me suis dit en riant : c'est étrange que tu commences une partie de Rubik's Cube à 16 h 45 !»

«écologie spirituelle». Max Beauvoir est un homme fort séduisant. Il parle une langue universitaire et enchaîne les interviews à la presse internationale dans lesquels il souligne «l'importance de se défaire de la déplaisante représentation hollywoodienne donnée de notre religion»