La transition en Guinée n’est pas très bien partie. Jean-Marie Doré, un opposant nommé le 21 janvier au poste de Premier ministre, a mis plus de trois semaines à former son gouvernement. Cet exécutif, dont la composition a été annoncée lundi soir, voit cohabiter les militaires de l’ancienne junte et leurs amis, 13 personnes sur 34 au total, avec des syndicalistes et des politiques. Aucun grand leader politique ne s’est risqué à y prendre place, se réservant pour l’élection présidentielle, qui doit être organisée dans les six mois.
Un délai que, à Conakry, beaucoup jugent déjà trop court. «Les listes électorales sont prêtes, mais il faudra revoir la Constitution pour réduire la durée du mandat présidentiel, fixer une limite d'âge pour les candidats et définir le nombre de mandats renouvelables», explique Rabiatou Diallo. Cette dirigeante syndicale, très populaire, n'a décroché aucun poste au gouvernement. Elle a cependant été nommée par le général-président Sékouba Konaté à la présidence du Conseil national de transition (CNT), organe consultatif chargé de revoir toutes les lois du pays et contre-pouvoir important.
La grande inconnue porte sur la candidature de Jean-Marie Doré. En se refusant à clarifier ce point, le Premier ministre, âgé de 75 ans, fait planer une menace sur la transition dont il a la charge. Le même flou artistique avait été cultivé par Moussa Dadis Camara, l’ancien chef de la junte, autour de sa propre candidature. L’opposition et la société civile