L’Union européenne a décidé mardi de suspendre l’accès privilégié au marché européen pour les produits sri-lankais à la suite de nombreuses infractions constatées en matière de droits de l’homme. Cette décision, qui pourrait devenir définitive dans six mois si aucune amélioration n’est observée, intervient après une enquête de l’UE, lancée en 2008 et approfondie après la fin de la guerre contre les Tigres tamouls en mai.
Que reproche Bruxelles à Colombo ?
L'UE évoque des «défauts significatifs» sur le dossier des droits de l'homme. C'est un euphémisme. Dans les derniers mois du conflit (entre janvier et mai 2009), les autorités sri-lankaises ont interné pendant plusieurs mois plus de 285 000 déplacés dans des camps insalubres, fermés à la presse et à la Croix-Rouge. Depuis, plus de la moitié a été relâchée, sans qu'une solution pérenne n'ait été trouvée pour leur relogement. Plus grave, entre 11 000 et 13 000 personnes, présentées comme des «anciens combattants des Tigres», sont en voie de «réhabilitation» ou en attente de jugement. Certains sont même internés sans savoir ce que leur reprochent les autorités, ni quand ils pourront recouvrer leur liberté.
Le refus répété des autorités sri-lankaises d'ouvrir une enquête sur de possibles crimes contre l'humanité jette également une ombre sur les opérations militaires qui ont fait peu de cas des civils. Des sources de l'ONU évoquent aujourd'hui le «chiffre très probable de 20 000 morts» e