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TRIBUNE

Il faut rendre à Haïti sa «dette d’indépendance»

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par Etienne Balibar, Edgar Morin, Eric ALLIEZ, Antonia BIRNBAUM, Lucien SEVE et Jérôme VIDAL
publié le 19 février 2010 à 0h00

Nicolas Sarkozy, était en Haïti le 17 février. Première visite d'un chef d'Etat français sur le sol d'Haïti depuis son indépendance, c'est l'occasion de revenir sur le sujet de la restitution de la dette de l'indépendance crucial, tant pour Haïti (ancienne colonie française qui fut son grenier durant les 17e et18e siècles) et la France que pour l'Humanité entière.

Les médias occidentaux se plaisent à rappeler à la face du monde qu’Haïti, ancienne colonie française et premier Etat noir du monde, est le pays le plus pauvre de l’hémisphère, sans expliquer les causes profondes de cette pauvreté. Haïti est le deuxième pays indépendant d’Amérique après les Etats-Unis en 1776. Ironie du sort, le premier est aujourd’hui économiquement le plus puissant de la planète ; le second est le plus pauvre du continent. Cela n’est pas le résultat d’une fatalité ni d’une malédiction.

Après avoir subi les affres de l'esclavage et du colonialisme de 1492 à 1803, au cours de la première moitié du 19e siècle et jusqu'en 1946, la jeune nation haïtienne a été contrainte de payer un tribut à la France pour être reconnue par la communauté internationale esclavagiste et colonialiste à l'époque.

Ce tribut, fixé d’abord à 150 millions francs or, puis réduit à 90 millions, a été versé jusqu’au dernier centime par le premier Etat noir à la patrie des droits de l’homme. Que cela soit au point de vue économique, social, voire écologique, les conséquences de cette dette odieuse et