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Libération
EDITORIAL

Mémoire

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publié le 25 février 2010 à 0h00

Il était temps que la France renoue avec le Rwanda. Le président Kagame n’est pas un homme facile ni un grand démocrate mais il faut porter au crédit de Sarkozy et Kouchner d’avoir voulu tourner la page des relations plombées entre Paris et Kigali. Il ne s’agit que d’un premier pas et ces retrouvailles se font sur de mauvaises bases, empreintes de méfiances réciproques. La France, si engagée auprès du régime hutu coupable du génocide, ne s’est ni expliquée ni excusée pour son rôle au Rwanda ou sa faillite au moment des massacres. A la différence de Kofi Annan, alors chargé des missions de maintien de la paix à l’ONU, du président Clinton ou du Premier ministre belge de l’époque, Guy Verhofstadt, qui tous ont reconnu leur part de responsabilité. La France doit s’excuser mais cette démarche ne peut suffire. La France doit faire surtout un travail de justice et de mémoire. Glissons sur les élucubrations juridiques et les extravagances géopolitiques du juge Bruguière qui ne sont qu’une instruction à charge destinée à exempter la France et notamment son armée.

Les parts d’ombre, sur l’implication de la France avant et pendant le génocide, comme sur l’asile accordé aux Hutus accusés de génocide, restent béantes. Les responsables rwandais de l’attentat contre le président Habyarimana restent inconnus et n’ont donc pas été poursuivis.

Le génocide rwandais exige le même travail de mémoire et d’histoire que la Shoah. Une commission franco-rwandaise ne pourrait-elle pas faire ce travail