Quels mots pour le dire ? Aujourd’hui, lors d’une visite de quelques heures à Kigali, Nicolas Sarkozy n’échappera pas à l’évocation du rôle de la France dans le génocide de 1994 au Rwanda. Mais jusqu’où ira-t-il ? Après seize ans de brouille entre les deux pays, dont trois de rupture diplomatique, le président rwandais, Paul Kagame, dit ne pas demander d’excuses publiques françaises. Mais il les attend.
Que reproche Kigali à la France ? Avant le massacre, Paris a formé et épaulé l’armée (à dominante hutue) et les milices gouvernementales qui allaient commettre l’irréparable. Durant le génocide, les autorités françaises ont reçu des émissaires du gouvernement provisoire qui menait la campagne d’anéantissement des Tutsis et Hutus modérés, faisant 800 000 morts entre avril et juillet 1994. Paris a toujours affirmé tout ignorer du projet de génocide ourdi par le pouvoir en place. En 1998, une mission d’information parlementaire, dirigée par le socialiste Paul Quilès, avait conclu à une série de défaillances, exonérant la France de toute responsabilité directe dans le génocide.
Pragmatique, Nicolas Sarkozy est désireux de se tourner au plus vite vers l’avenir. Son escale à Kigali doit parachever un processus de rapprochement entamé dès le lendemain de son élection, en mai 2007. Il s’était notamment fixé comme priorité de solder les différends avec trois pays sur le continent noir : l’Angola, la Côte-d’Ivoire et le Rwanda.
Fautes. L'Elysée a veillé, toutefois, à ne pas donner trop de solennité à cette visite : aucun grand discours n'est prévu, juste une simple conférence de presse conjointe des deux présidents. Mais nul doute que chaque mot aura été pesé et soupesé par Paris. A la fin des années 90, les Nations unies, la Belgique - l'ancienne puissance coloniale - et même les Etats-Unis avaient présenté leurs excuses au peuple rwandais pour n'avoir pas su empêcher le «crime