Reconnaître ses erreurs, sans pour autant s'excuser. Hier, à l'occasion d'une courte visite à Kigali, la première d'un chef d'Etat français depuis le génocide de 1994 au Rwanda, Nicolas Sarkozy a voulu, selon sa propre expression, «tourner la page». Celle des rapports exécrables entre les deux pays, qui avaient culminé, en 2006, avec la rupture des relations diplomatiques. Mission accomplie, si l'on en juge par l'accueil serein que lui a réservé son hôte rwandais, Paul Kagame.
Pour inaugurer ce nouveau chapitre, le chef de l'Etat français se devait de prononcer des paroles fortes à Kigali. Quelques mois après son arrivée à l'Elysée, Nicolas Sarkozy avait parlé d'«erreurs». Hier, lors d'une conférence de presse conjointe avec Kagame, il a été un peu plus loin, reconnaissant des «erreurs politiques» qui ont eu «des conséquences absolument dramatiques» au Rwanda. Un propos soigneusement calibré pour éviter de heurter frontalement sa famille politique. En 2008, Edouard Balladur, Premier ministre à l'époque du génocide, avait vivement protesté auprès de l'Elysée après que Bernard Kouchner eut parlé de «fautes politiques» lors d'un déplacement dans la capitale rwandaise.
Collective. Hier, Sarkozy a refusé de demander pardon au peuple rwandais, comme l'ont fait l'ex-puissance coloniale belge, les Etats-Unis de Bill Clinton ou encore les Nations unies de Kofi Annan. Car, à ses yeux, la faillite au «pays des mille collines»