Le président colombien, Alvaro Uribe, aurait eu un rictus nerveux, vendredi soir, en découvrant la nouvelle sur l'écran de son téléphone : la Cour constitutionnelle venait de lui interdire de briguer un troisième mandat. L'homme de la «main de fer» contre les guérillas, le populaire héraut du conservatisme dans une région dominée par la gauche, devra céder la place aux élections de mai, après avoir écrasé le paysage politique pendant huit ans. «Tous les citoyens doivent observer la loi, en premier lieu les gouvernants», s'inclinait-il en soirée.
Cocaïne. A l'issue de huit jours de débats, les magistrats ont invalidé la loi qui proposait aux électeurs de lever par référendum l'interdiction d'exercer plus de deux mandats présidentiels. Ils ont statué sur le fond, estimant qu'un troisième mandat aurait affecté la séparation des pouvoirs et l'équilibre des institutions - chaque chef d'Etat intervenant dans la composition des organes de contrôle de son successeur. Sur la forme, ils ont aussi estimé qu'«une chaîne de vices d'inconstitutionnalité» avait entaché le processus. La collecte de signatures de citoyens qui a donné naissance à la loi a été financée par des fonds six fois supérieurs aux limites légales. En outre, à peine 10% des apports ont été justifiés, et au moins une entreprise liée au blanchiment d'argent de la cocaïne y a participé.
Le Président, qui s’est gardé d’intervenir personnellement dans la réforme avortée, se voit rat