Le nouvel axe franco-russe passe aussi par la vente de bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral. «Un tel bateau aurait permis à la flotte de la mer Noire d'envahir la Géorgie en quarante minutes au lieu de vingt-six heures», a souligné un amiral russe. Directeur du centre Russie-NEI (nouveaux Etats indépendants) à l'Institut français des relations internationales, Thomas Gomart (1) analyse cet accord.
Que signifie un «partenariat stratégique» avec Moscou ?
La diplomatie française considère traditionnellement que Paris et Moscou sont les arcs-boutants de la sécurité européenne et que celle-ci dépend de leur dialogue car elles sont les seules puissances nucléaires continentales. C’est aussi pour la France un moyen de se distinguer de l’Allemagne, principale partenaire économique de la Russie. Aujourd’hui, cette formule est également un habillage politique pour justifier la vente de matériel de guerre à la Russie, et notamment des bâtiments de projection et de commandement.
Pourquoi la France a-t-elle pris cette décision ?
Il ne s’agit pas de haute technologie. Les Pays-Bas et l’Espagne étaient aussi en lice pour ce contrat. La principale motivation est avant tout industrielle, cela permettrait de faire travailler les chantiers navals de Saint-Nazaire en période de crise. Il y a des niches à prendre sur le marché russe de l’armement, et cette vente crée un précédent qui permettra de monter en gamme, avec des systèmes plus élaborés. Face à des objections sur de futures ventes de matériel sensible, Paris pourra toujours dire : «Mais cela a déjà été fait