Bitrus Gashom marque une pause. Le temps de se couvrir le nez avant de détourner le regard, écœuré. «Vous voyez, c'est une fillette. Sa tête, tailladée à la machette. Elle n'a même pas un an.» Le jeune homme soupire, serre une croix en plastique dans sa paume puis reprend. «Ce qui s'est passé est inadmissible.» Comme cet habitant de Dogo Nahawa, 500 personnes massées devant une grande fosse, creusée à la sortie du village, regardent, ébahis, défiler les corps meurtris des victimes. Les linceuls en pagne, tachés de sang, sont sortis un à un d'une grande benne jaune, pour être enterrés.
Au cours de la nuit de samedi à dimanche, plusieurs dizaines de maisons ont été incendiées dans cette localité à une vingtaine de kilomètres au sud de Jos, la capitale régionale de l'Etat du Plateau. L'attaque a fait au moins 61 victimes dont 32 enfants, lacérés ou brûlés vifs dans leur sommeil, alors que certains proches manquent à l'appel. «Ils ont débarqué un peu avant 3 heures du matin, raconte Gyang Chuwang, un villageois. C'était des musulmans, des Fulani et des Haoussa, je les ai entendus. Ils criaient des mots dans leur langue et si on ne leur répondait pas, ils nous tuaient.» Il s'interrompt, haletant, puis reprend, l'air hagard. «Ils nous encerclaient, étaient très bien armés avec des machettes et des fusils. On n'avait aucun endroit où fuir. C'était planifié depuis longtemps.»
zone tampon. L'attaque s'est déroulée simultaném