Qui aurait prédit, il y a vingt ans, que les Etats-Unis, en crise profonde, auraient à coopérer avec une Chine disposant d’avoirs financiers considérables ? Pour l’Occident, la Chine est l’autre. Ses frontières actuelles sont à peu près celles qui lui ont été léguées par une dynastie étrangère (Mandchou) et sont impériales. Cependant, plus de 90% de la population chinoise est han. Les minorités sont atomisées ou parfois moins nombreuses que les populations chinoises récemment établies dans les marches.
Maintes fois au cours du dernier quart de siècle, des observateurs ont prédit l’éclatement de la Chine et bien d’autres maux, les uns réels, les autres fantasmés. Sans doute était-ce sous-estimer l’aptitude de la société chinoise à supporter les difficultés et les injustices et la capacité d’adaptation du Parti et de l’Etat. La Chine est une dictature nationaliste, dirigée par un parti unique, tendue vers une puissance à recouvrer. Le coût humain en a été et en sera élevé, mais ne l’est-il pas aussi dans la stagnation ?
La Chine naît au nord, le long du Fleuve Jaune, il y a cinq mille ans. Elle s’étend par la suite vers le sud, au-delà du fleuve Yangzi jusqu’à la mer de Chine méridionale. Protégée, à l’est, par le Pacifique, au sud-ouest, par la barrière himalayenne et le plateau du Tibet, la Chine n’a longtemps été vulnérable que par le nord. Au sud, les montagnes et les jungles d’Asie du Sud-Est sont des barrières plus formidables que les déserts du Nord. La Chine, telle que n