«Mon gouvernement sera celui de la reconstruction.» Sebastián Piñera, le nouveau président chilien qui prend ses fonctions aujourd'hui, affiche désormais un grand pragmatisme. Cet homme d'affaires de 60 ans, multimilliardaire et ancien dirigeant du parti Rénovation nationale (droite), a conscience d'hériter d'un pays meurtri par le tremblement de terre du 27 février qui a fait officiellement 497 morts et a détruit une partie des infrastructures locales.
Elu sur un programme de «changement» après vingt ans de gouvernement de la Concertation (une large alliance de partis allant de la démocratie-chrétienne à la gauche non communiste), Piñera entre pour quatre ans à la Moneda, l’Elysée local, avec une tâche bien différente de celle qu’il avait imaginée lors de son élection. Avant le séisme, le Chili, enfant modèle de l’économie latino-américaine avec une croissance moyenne de 5% par an depuis deux décennies, pouvait encore compter sur une croissance de 4,5% en 2010 et venait tout juste d’adhérer au club d’Etats riches membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Ce qui ne l’empêche pas de rester un pays profondément inégalitaire où plus de 40% des richesses sont concentrés dans les mains de 10% de privilégiés.
En présentant son gouvernement, il y a un mois, le nouveau président avait insisté sur le cabinet de «techniciens» de l'économie qu'il avait constitué pour doper un peu plus la croissance : sur 22 ministres, 7 sont en effe