Ancien ministre de l'Intérieur du Togo, François Boko a démissionné avec fracas en 2005. Il avait refusé d'organiser des élections truquées en faveur de Faure Gnassingbé, fils du défunt président Eyadéma. Ex-militaire, Boko est devenu avocat à Paris. Il reste informé de la situation au Togo heure par heure et décrit pour Libération les mécanismes de la fraude électorale lors de la présidentielle du 4 mars, un scrutin encore une fois contesté.
Les résultats officiels donnent 60,15% à Faure Gnassingbé. Faut-il les croire ?
Le pouvoir a fait semblant d’accepter les conditions posées par l’Union européenne, juste pour toucher les financements liés à l’organisation des élections. A la dernière minute, il a refusé d’appliquer le dispositif prévu. La veille du scrutin, des militaires en civil ont distribué des bulletins de vote déjà remplis avec de l’argent. Pour éviter que les électeurs prennent l’argent et votent selon leur choix, les autorités ont versé une tranche de 5 000 francs CFA (7,60 euros), en promettant l’autre moitié à chaque électeur qui reviendrait avec le vrai bulletin, vierge.
Cela a-t-il pu être fait sur l’ensemble du territoire ?
Non, en tout cas pas dans les villes et les zones où des observateurs européens pouvaient se trouver. Après le vote, les scrutateurs ont été achetés, 100 000 francs CFA (152 euros) par bureau de vote, pour remplacer le vrai procès-verbal des résultats par un PV fabriqué. Des appareils VSAT [de communication par satellite, ndlr] avaient été installés par l'UE dans les 35 préfectures du pays, et reliés à un central à Lomé. Chaque commission électorale local