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Libération
Reportage

L’Inde machiste tente de s’imposer des députées

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Déjà en place localement, un quota de 33% de femmes à l’Assemblée pourrait être instauré. Mais les réflexes patriarcaux restent forts.
publié le 12 mars 2010 à 0h00

A première vue, Sumitra Devi est une femme étonnement libre dans son village traditionnel de l'Haryana, un Etat du nord de l'Inde connu pour ses coutumes ultrapatriarcales. Assise dans la cour de sa petite maison, vêtue d'un salwar kamiz brodé, elle énumère avec assurance les projets qu'elle a instauré depuis son élection à la tête du conseil de village, en 2005 : connexion au réseau d'eau pour les 2 300 maisons du hameau, mise en place d'un système d'égouts, ouverture d'une bibliothèque et d'un centre informatique pour les jeunes, création de classes de première et terminale pour les filles, construction d'un stade, expropriation du magasin d'alcool…

A 37 ans, Sumitra Devi est l’une des centaines de milliers de bénéficiaires de la politique indienne de discrimination positive qui, depuis 1993, réserve aux femmes un tiers des sièges dans les institutions locales. Fin 2009, le gouvernement a annoncé que ces quotas féminins seraient bientôt relevés à 50%. Autrement dit, plus de 1,4 million d’Indiennes seront élues dans leurs villages, districts ou municipalités.

D’autres pourraient bientôt faire leur entrée à l’Assemblée nationale et dans les instances régionales. Après quatorze années de tergiversations, un projet de loi visant à octroyer aux femmes 33% des sièges de députés vient d’être voté à la Chambre haute du Parlement. Car la politique reste un domaine très largement réservé aux hommes.

Procuration. Sumitra Devi n'avait aucune expérience lorsqu'el