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Libération
Reportage

Le Maroc lance la chasse aux évangélistes

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A l’orphelinat d’Aïn Leuh, dans le Moyen Atlas, comme dans tout le pays, Rabat a arrêté et expulsé une cinquantaine de chrétiens, accusés de prosélytisme.
publié le 16 mars 2010 à 0h00

Alors que s’ouvrait à Grenade, le 6 mars, le premier sommet de l’Union européenne pour faire avancer l’intégration du Maroc dans l’espace européen, à 700 km de là, dix policiers frappaient à la porte d’un petit orphelinat du Moyen Atlas tenu par des chrétiens. A peu près au même moment à Fès, Marrakech, Casablanca, Rabat, Tanger et Essaouira, la police marocaine interpellait des dizaines d’autres personnes. Tous sont des chrétiens suspectés de prosélytisme. Officiellement, 27 d’entre eux sont expulsés. Selon des sources diplomatiques concordantes, ils seraient en fait une cinquantaine : quarante Américains, sept Néerlandais mais aussi des Anglais, des Néo-Zélandais, des Coréens, un Egyptien et un Brésilien.

«Ce n'est pas une campagne contre les chrétiens au Maroc, justifie Khalid Naciri, le ministre de la Communication. C'est une opération ciblée pour faire respecter la loi : tout le monde sait que le prosélytisme religieux est interdit au Maroc.» Les chrétiens étrangers ont le droit de pratiquer leur foi et de s'occuper d'œuvres caritatives à la condition de ne pas faire la promotion de leur religion. Dans le royaume chérifien, 98% de la population est musulmane.

«Lui, c'était un des premiers enfants de l'orphelinat, soupire le pasteur Jack Wald en feuilletant un calendrier du Village de l'espoir. On leur a enlevé les seuls parents qu'ils ont connus : imaginez le traumatisme.» Le Village de l'espoir est l'un des orphelinats dont 23 étranger