Menu
Libération

Fariñas, épine dans le pied de Raúl Castro

Article réservé aux abonnés
Cuba. La Havane, inquiète pour son image après la mort d’un autre gréviste de la faim, a hospitalisé le dissident.
L'opposant cubain, Guillermo Farinas (debout, C), le 10 avril 2008 lors d'une réunion avec d'autres dissidents à la Havane (AFP Adalberto Roque)
par Félix Rousseau, Correspondance à Cuba
publié le 17 mars 2010 à 0h00

Guillermo Fariñas n'est pas un dissident comme les autres. A 48 ans, il dit compter derrière lui 22 grèves de la faim et trois condamnations à la prison. Mais ce 23e jeûne - ni nourriture ni boissons -, entamé chez lui, à Santa Clara, après la mort controversée, le 23 février, du prisonnier d'opinion Orlando Zapata, sera son dernier. C'est lui qui le dit.

Ce militant noir, père d'une fille de 8 ans, souhaite que la mort de Zapata - un maçon noir de 42 ans -, des suites d'un jeûne de protestation de deux mois et demi, «ne soit pas vaine». Il veut que le président cubain, Raúl Castro, libère 26 prisonniers politiques malades. Mais il sait très bien que Castro ne cédera pas d'un pouce. «Ce serait un aveu de faiblesse impardonnable», estime un diplomate.

Critiques. Fariñas, qui avait brièvement perdu conscience vendredi, a été admis le jour même à l'hôpital de Santa Clara, où il se trouve toujours en unité de soins intensifs. Les autorités cubaines ne souhaitent pas en effet faire à nouveau l'objet des critiques internationales qui avaient accompagné le décès de Zapata. De toute façon, sur cette île dirigée par un parti unique et communiste, il n'y a officiellement pas de prisonniers politiques. Les dissidents sont des «mercenaires» à la solde de l'«empire» américain, qui impose depuis quarante-huit ans un embargo à Cuba.

Pour Granma, le quotidien officiel du parti, Fariñas n'est qu'un pion, comme l'était Zapa