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Libération
Interview

«Le village global d’Internet tel qu’on l’a connu est menacé»

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Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières :
publié le 18 mars 2010 à 0h00

Jean-François Julliard est secrétaire général de Reporters sans frontières et coauteur du rapport annuel «Ennemis de l’Internet», publié par l’association le 12 mars, à l’occasion de la journée mondiale contre la cybercensure.

Comment jugez-vous l’évolution des rapports entre Google et la Chine ?

C’est la première entreprise qui ose se positionner de la sorte face à la Chine. Bien sûr, nous ne sommes pas naïfs et imaginons bien que Google va continuer à faire affaires avec ce pays : la suppression de son moteur de recherche ne signifie pas que l’entreprise ne diffusera pas son téléphone sur le marché chinois. Ceci dit, c’est une vraie prise de risque de la part de Google et s’ils se retirent de Chine, je serai le premier à le saluer.

Le fait que des pays comme la Chine bloquent l’accès à certains sites annonce-t-il la fin d’Internet tel que nous le connaissons ?

Oui, clairement. On s’achemine de plus en plus vers une juxtaposition d’intranets nationaux. Je pense que le village global tel qu’on l’a connu est menacé. Des pays comme le Vietnam, l’Arabie Saoudite ou l’Ouzbékistan n’ont qu’une seule envie : donner des frontières à Internet. Ceci dit, un Internet complètement morcelé n’est pas possible, en Chine comme ailleurs, tout simplement parce que les Etats n’y ont aucun intérêt. Seuls le Turkménistan, la Corée du Nord ou l’Erythrée peuvent encore complètement se couper du monde. Les Birmans l’ont déjà fait pour des raisons politiques, mais très temporairement. Même le pouvoir iranien n’a pas osé le faire ! Par ailleurs, des contournements seront toujours possibles. Le problème, c’est le nombre de personnes qui feront l’effort de le faire. Contourner la censure ne se fait pa