Mohammed VI a beau avoir rompu avec les pratiques de feu son père Hassan II en matière de droits de l’homme, le sort de Kaddour Terhzaz rappelle les années de plomb du Maroc. Ce colonel, ex-numéro 2 de l’armée de l’air, aujourd’hui âgé de 72 ans et à la retraite depuis 1995, croupit dans une cellule de la prison de Salé, dans la banlieue de Rabat. Condamné à douze ans de réclusion par un tribunal militaire en novembre 2008, Terhzaz a vu son régime carcéral se durcir en novembre avec une mise à l’isolement total le privant des visites de son avocat.
Le crime de Kaddour Terhzaz ? Il a eu le culot d'écrire une lettre au jeune roi du Maroc dans laquelle il demandait que soient mieux traités les pilotes de chasse capturés lors de la guerre pour le Sahara occidental dans les années 70. Il déplorait que leurs grades aient été gelés pendant toute leur captivité dans les camps du Front Polisario - laquelle a duré plus d'un quart de siècle. Il s'émouvait aussi de l'accueil assez tiède des autorités de Rabat lors de leur retour. Et révélait, au détour d'une phrase anodine, que ces hommes avaient été envoyés au combat à bord d'avions dépourvus de systèmes antimissiles. Un détail connu depuis l'interview du capitaine Ali Najab qui avait raconté en 2004 à Aujourd'hui le Maroc les conditions dans lesquelles son F5 avait été abattu.
C'est semble-t-il ce détail dont l'état-major, au sein duquel Terhzaz compte de solides inimitiés, a pris prétexte pour l'arrêter et l'inculper. Son proc