Comme tous les jours depuis dix mois, il attend. Sans savoir pourquoi il a été arrêté, ni quand il sera libéré. Pathmanathan Sajeevan est un Tamoul de 24 ans calme et résigné. Détenu dans le camp sri lankais surpeuplé de Rambaikulam, une ancienne école de deux étages reconvertie à la hâte en «centre de réhabilitation» au cœur de Vavuniya (nord), à laquelle Libération a eu accès, il s'est rendu aux forces sri-lankaises à Mullivaikal, le 15 mai dernier. C'était quatre jours avant la fin d'un conflit de trente-sept ans entre les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE) et l'armée sri-lankaise, qui a coûté la vie à au moins 100 000 personnes. Ce jour-là, Pathmanathan Sajeevan a pu échapper à la vigilance et aux tirs des LTTE, encerclés par les troupes de Colombo dans un réduit côtier de quelques kilomètres carrés.
Sous les bombardements, il a traversé des «marécages, un champ, a évité les pièges et les mines» et gagné les lignes gouvernementales, mettant fin à deux ans et quatre mois d'embrigadement forcé dans les rangs tamouls. Le 15 janvier 2007, les Tigres l'avaient enlevé dans son village, près de Welikanda. «Emprisonné, battu, comme l'étaient également les enfants soldats qui fuyaient», il a été envoyé sur la ligne de front deux ans durant, où il a été blessé par un éclat d'obus. Quand la débandade a gagné le camp LTTE, il a déserté. Il ne se voit pas dans la peau d'un combattant dévoué à la cause des Tigres.Les militaires l'ont pourtant arrêt