Au deux cent seizième «oui», un «Yes, we can» a fusé, dimanche, des travées démocrates. La majorité nécessaire à l’adoption du projet de loi sur la couverture médicale était atteinte et, dans cette Chambre des représentants où les marchandages permanents ont tellement fait oublier toute vision du long terme et du bien commun, on a senti comme une fierté retrouvée.
Après quatorze mois d’une guérilla parlementaire dans laquelle l’autorité nationale et internationale de Barack Obama s’était essoufflée, les élus venaient de redonner une noblesse à la politique, de voter pour les plus pauvres et les plus faibles, de voter au nom d’un impératif moral et non plus de leurs calculs électoraux, et c’est Barack Obama qui les avait amenés à se dépasser de la sorte. Au bord de la paralysie, il avait renoué avec la passion de sa course à la présidence, directement plaidé cette réforme devant l’opinion et s’était rendu, la veille, à la Chambre en personne pour y interpeller les représentants démocrates comme une mauvaise conscience venue les tarauder au nom de leurs idéaux perdus.
Les cyniques diront que non, qu’il faut ne rien comprendre à la politique pour accorder une quelconque importance à cette interpellation morale. Les démocrates, diront-ils, n’avaient plus le choix qu’entre soutenir leur président ou couler avec lui aux élections de mi-mandat, qu’entre perdre, en novembre, des électeurs flottants ou s’aliéner leur électorat traditionnel, mais ce n’est pas cela qui a fait ce vote. Il