Ce n’est pas tous les jours qu’une grande entreprise refuse de transiger sur des principes d’ordre moral. Google, qui avait annoncé en janvier qu’il refuserait dorénavant d’appliquer la censure que lui imposait le gouvernement chinois, a bel et bien mis ses menaces à exécution hier… en utilisant cependant un artifice qui lui permet de ne pas enfreindre directement la loi chinoise.
Le géant américain du moteur de recherche a cessé unilatéralement de censurer Google.cn (Google Chine), mais en aiguillant les requêtes autrefois traitées par son site chinois vers son site de Hongkong. L'ex-colonie britannique, réunifiée avec la Chine en 1997, dispose en effet d'une législation plus libérale conférée par le statut «un pays, deux systèmes». Pékin n'impose pas de censure à Hongkong et Google en tire avantage. Mais pour les 384 millions d'internautes chinois - 30% utilisent Google -, la censure n'a pas pour autant cessé. Car si les résultats obtenus depuis la Chine sont désormais plutôt normaux, il demeure impossible d'accéder aux liens interdits, en raison du «great firewall», la «grande muraille» de la censure qui filtre les informations disponibles en Chine continentale. Pour l'usager, il y a toutefois une différence : il peut se rendre compte de ce qu'il ratait auparavant.
Les internautes ont certes toujours eu la possibilité d'aller sur le moteur hongkongais, mais les résultats n'étaient pas adaptés à la Chine continentale et l'usage des caractères anciens en vigueur à Ho