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Esther sainte en Iran

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Religion . La prophétesse réunit juifs et musulmans.
par Nahal Tajadod
publié le 25 mars 2010 à 0h00

Dimanche 28 février, à l'occasion de la fête de Pourim, les pratiquants écoutèrent longuement la Méguila (le rouleau d'Esther), déposèrent des offrandes de nourriture et d'argent, puis se hâtèrent de regagner qui leur domicile, qui leur hôtel. La scène se passe à Hamedan, à 330 km de Téhéran, ex-capitale des Achéménides, sur la tombe d'Esther. On y voit des juifs, mais aussi des musulmanes enveloppées dans des voiles noirs, venues se recueillir sur la tombe de «cette prophétesse qui engrosse les femmes stériles, qui guérit les cancers, qui rembourse les dettes»… Elles retirent la neige posée sur les grilles de l'entrée et y nouent, entre les mailles, des tissus multicolores, tout en murmurant des prières islamiques, «Ya Ali, pourvu que mon fils guérisse !», et en écoutant le chant hébraïque du rabbin.

Harem. Deux mille cinq cents ans plus tôt, déportée en Perse après la destruction du royaume de Judas, Esther entra dans le harem royal du roi perse Xerxès (486-464 avant J.-C.). Quand le Premier ministre Haman décida d'exterminer les juifs, Esther, dont le nom signifie à la fois «étoile» et «cachée», révéla au roi des rois sa judaïté et la menace qui pesait sur sa communauté. Xerxès accorda non seulement la liberté de culte aux juifs mais, selon certaines versions, poussa la protection jusqu'à faire exécuter son Premier ministre. La fête de Pourim célèbre, pour une fois, non la mémoire des morts, mais la victoire sur la destruction d'