La visite, le 17 février, de Nicolas Sarkozy en Haïti, la première d’un chef d’Etat français depuis l’indépendance en 1804 au détriment de la France, a donné lieu à un curieux dialogue à distance entre les présidents des deux pays. Pour le président René Préval, la page de la colonisation, eu égard aux Haïtiens, est bel et bien tournée, aussi bien sur le plan politique que psychologique. Nicolas Sarkozy, lui, s’est prêté à un exercice plutôt surprenant de la part d’un homme peu enclin à la «repentance» quand il s’agit de parler du passé colonial de la France. «Notre présence ici, a-t-il dit, n’a pas laissé que de bons souvenirs.» Puis il a évoqué les conditions de la séparation entre les deux Etats, avant d’ajouter : «Même si je n’ai pas commencé mon mandat au moment de Charles X, j’en suis quand même responsable au nom de la France.»
En remontant à Charles X, il est clair que le président français parlait de la désormais fameuse dette de l’indépendance, objet ces jours-ci d’une pétition demandant son remboursement pour la reconstruction d’Haïti ravagé par le séisme de janvier (1). De quoi s’agit-il ?
Un pays mis au ban des nations
Nous sommes en 1825. Après deux décennies de négociations pour tenter de ramener, sous