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Libération
Critique

Témoignage Depardon, L’Afrique par cœur

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publié le 27 mars 2010 à 0h00

Au commencement, était un film, Afriques: comment ça va avec la douleur ?en salles en 1996. Un film où Raymond Depardon, photographe et cinéaste, racontait son ou plutôt ses Afrique, après un périple improvisé dans le continent mais avec une obstination qu’il résume ainsi: «je vais tenter de regarder, écouter les douleurs ordinaires en Afrique». Et d’ajouter: «pour certains Africains qui connaissent la langue française, je sais que le mot "douleur" est utilisé comme une salutation pour s’assurer de notre bien être: "comment ça va avec la douleur ?", comme un simple bonjour». Raymond Depardon connait l’Afrique par coeur. Pour l’avoir sillonnée depuis 50 ans, il l’a littéralement dans la peau. Afrique(s) en est la confirmation la plus éloquente. Un petit livre de textes et de photos dont Depardon a le secret, subtil mélange de distance et d’intime, de discrétion et de réalisme, pour évoquer Mandela, les Rwandais, la famine, le sida, les guerres civiles et tant d’autres tragédies calamités qui s’acharnent sur les Africains. Des mots et des images qui révèlent aussi la personnalité exceptionnelle de leur auteur: au délà de son talent, Raymond Depardon est un honnête homme, au sens littéral, chez qui le mot respect a un sens, quelle que soit la situation où il se trouve. L’Afrique réserve toujours des surprises, même aux initiés. Depardon n’échappe pas à la règle, qui, avec son habituelle modestie, semble toujours découvrir les hommes, les femmes et leurs sentiments. Afriques (s)