Menu
Libération
Reportage

Cuba : la charge des Dames en blanc

Article réservé aux abonnés
Mères, sœurs ou proches de prisonniers politiques ont manifesté pendant sept jours dans les rues de La Havane.
par Félix Rousseau, Correspondance à Cuba
publié le 29 mars 2010 à 0h00

Depuis sept ans, Laura Pollan mène une fronde silencieuse dans les rues de La Havane à la tête de quelques dizaines de dames toute de blanc vêtues. Petite femme de 62 ans à la voix douce et au regard clair, elle était une professeure de lycée sans histoire jusqu'à ce que des agents de la sécurité d'Etat arrêtent son compagnon, Hector Maseda, journaliste et «président» d'un mouvement politique interdit. C'était le 19 mars 2003. Soit le deuxième et avant-dernier jour d'une vague d'arrestations de 75 opposants, journalistes, bibliothécaires, médecins… tous accusés d'«intelligence avec l'ennemi» américain. Sept ans plus tard, 53 restent incarcérés.

«L'arrestation de mon mari a été pour moi comme un coup de poing à la figure. Jamais je n'avais voulu me mêler de politique malgré les activités d'Hector, jamais je n'avais voulu faire partie d'un groupe. Mais je ne peux pas rester silencieuse et laisser détruire l'homme que j'aime, laisser détruire ma famille», raconte Laura Pollan, l'âme et le cœur des «Dames en blanc». Pour les sept ans de leur «printemps noir», ces épouses, mères ou sœurs de prisonniers d'opinion ont marché pendant sept jours en rang serré. Pendant sept jours ou presque, des centaines de partisans des frères Fidel et Raúl Castro ont manifesté bruyamment contre ces «mercenaires en blanc». Un seul dérapage, le troisième jour : l'évacuation manu militari, par des policières, d'une trentaine de Dames en blanc vers des bus. Une telle dispersio