Qui dirige vraiment le pays le plus peuplé d’Afrique ? Les Nigérians s’interrogent et s’impatientent. Quinze jours après la dissolution du gouvernement par Goodluck Jonathan, président intérimaire, aucun ministre n’a encore été nommé. Le processus peut prendre plusieurs semaines, en toute légalité. Mais cette vacance du pouvoir renforce l’incertitude politique qui règne au Nigeria, second producteur de pétrole africain.
Depuis quatre mois, l’état de santé du président Umaru Yar’Adua, 58 ans, élu en 2007, est une énigme. Souffrant d’une péricardite aiguë, le successeur d’Olusegun Obasanjo n’a pas été vu en public depuis son départ en Arabie Saoudite, le 23 novembre. Son retour au Nigeria, en catimini, le 24 février, avait laissé croire qu’il reprendrait les rênes du pouvoir. Il n’en a rien été. Est-il mort, dans le coma ? Les rumeurs les plus folles circulent.
Borsalino. Pour combler le vide, le vice-président Jonathan, 52 ans, ancien professeur de zoologie coiffé d'un sempiternel Borsalino mais dépourvu d'une réelle assise politique, a été nommé président par intérim le 10 février. En coulisses, la bataille fait rage entre les clans de Yar'Adua et de Jonathan. La semaine dernière, suite à la dissolution surprise du gouvernement, des rumeurs ont fait état d'une amélioration de la santé de Yar'Adua et de son retour aux affaires. Info ou intox ? «On est dans une situation fluctuante où chacun s'observe, place ses pions et affûte ses armes dans la perspective