Confusion au sommet en Guinée-Bissau. Des officiers ont arrêté jeudi le Premier ministre, Carlos Gomes Junior, ainsi que son chef d'état-major et 40 officiers, dans ce qui s'apparente à un putsch interne à l'armée. Le général Antonio Indjai, chef d'état-major adjoint, a pris la tête des forces armées, expliquant «régler un problème militaire» tout en restant soumis au pouvoir civil.
A l’annonce de l’arrestation du Premier ministre, des centaines de personnes ont manifesté pour réclamer sa libération. Ils ont obtenu gain de cause, même si Carlos Gomes Junior a été assigné à résidence. Vendredi, le gouvernement a condamné le recours à la violence, et une réunion s’est tenue entre le Premier ministre relâché et le Président, Malam Bacai Sanha. Son prédécesseur, Joao Bernardo Vieira, dit «Nino», avait été assassiné en mars 2009 par des militaires.
Cette fois, l'armée se serait divisée sur l'attitude à adopter face au retour au pays de l'ancien chef d'état-major de la Marine, le contre-amiral Bubo Na Tchuto. «Cet officier a joué un rôle clé dans le trafic de cocaïne entre la Colombie et l'Europe, dont la Guinée-Bissau est devenue une plaque tournante», explique Christophe Champin, journaliste de RFI et auteur d'Afrique noire, poudre blanche, à paraître fin avril. Impliqué dans un coup d'Etat en 2008, Bubo Na Tchuto a vécu un an en exil, en Gambie, avant de revenir clandestinement en pirogue à Bissau, où il s'est réfugié dans les locaux des Nations unies.