Amin se promène tranquillement dans les méandres embouteillés de Karachi, grand port du sud et poumon économique du pays. Le Pakistanais porte la barbe et la tunique traditionnelle, rien qui ne le différencie de l'homme de la rue. Pourtant, Amin, 25 ans, est un combattant taliban. Malade, il est venu se faire soigner en ville et se mettre au vert. C'est là que Libération l'a rencontré il y a un mois.
Originaire de la zone tribale du Waziristan, il s'est enrôlé sous la bannière des talibans il y a huit ans, alors que les bombes américaines pleuvaient sur l'Afghanistan voisin. L'adolescent étudie alors dans une madrasa de Faisalabad, dans la province du Pendjab. C'est là-bas qu'il s'entraîne au jihad. Malgré les réticences de sa famille, Amin part en Afghanistan en 2002 pour se frotter aux forces étrangères : «C'est notre devoir de musulman de combattre les ennemis qui envahissent notre terre d'islam.» Et clame-t-il, «si l'armée pakistanaise ne les avait pas freinés», lui et ses compagnons auraient mis en échec les Américains…
Sanctuaire. Ces dernières années, Amin a dû rentrer dans son pays pour défendre le Waziristan. Sous pression américaine, l'armée pakistanaise a lancé depuis 2004 plusieurs offensives sur ce sanctuaire de la guérilla islamiste. Alors, le combattant a rejoint le Mouvement des talibans pakistanais, le TTP. Formé en 2007, il réunit diverses milices insurgées des zones tribales du pays. «Avant, l'armée pa