Une page vient de se tourner dans les relations entre la Russie et la Pologne. Soixante-dix ans après l’exécution de 22 000 officiers polonais par le NKVD (la police secrète soviétique), le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a rendu personnellement hommage aux victimes du massacre de Katyn en présence du chef de gouvernement polonais et des familles de ces anciens militaires. A Varsovie, on parle d’«événement historique». Même si le Premier ministre russe n’est pas allé jusqu’à présenter des excuses. «Un mensonge cynique a recouvert pendant des décennies la vérité sur les fusillés de Katyn, mais ce serait un autre mensonge que d’en faire endosser la responsabilité au peuple russe», a dit Poutine. Ce tournant, chez l’homme qui avait rétabli l’hymne soviétique lors de son arrivée au pouvoir, n’en finit pas d’étonner Varsovie. «C’est Poutine lui-même qui est à l’origine de l’invitation», dit Andrzej Przewoznik, secrétaire du Conseil national de sauvegarde de la mémoire de Pologne.
Rapprochement. Ces dernières années, les dirigeants polonais se rendaient en privé dans la forêt de Katyn, lieu symbolique de la mémoire nationale, situé en Russie près de la ville de Smolensk. Là, tout a changé. Moscou veut améliorer ses rapports avec Varsovie, un acteur de poids au sein de l'Union européenne et allié fidèle de Washington, avec lequel les relations se décrispent un peu chaque jour. «Poutine a sans doute un intérêt politique défini, que nous i