Hier à midi, les sirènes ont résonné dans toute la Pologne, et le pays s’est figé durant deux longues minutes en hommage aux 96 victimes de la catastrophe aérienne de Smolensk, en Russie, qui a décimé une partie de l’élite du pays. Deux heures plus tard, la dépouille du président Lech Kaczynski, décédé avec sa femme Maria qui n’avait pu encore être identifiée, arrivait à l’aéroport militaire de Varsovie. Le cercueil a ensuite été acheminé jusqu’au palais présidentiel, où il devait être exposé. Une foule compacte, émue et encore sous le choc, se pressait sur tout le parcours, des bougies et des fleurs à la main. Un moment d’unité nationale qui rappelait les grandes heures des visites de Jean Paul II, le pape polonais.
L'accident du Tupolev présidentiel, qui n'a fait aucun survivant, s'est produit samedi au-dessus de Smolensk, à quatre cents kilomètres de Moscou. Le Président et son entourage se rendaient à une commémoration du 70e anniversaire du massacre de Katyn, un événement hautement symbolique pour les Polonais. En avril 1940, 22 000 officiers polonais ont été assassinés par le NKVD (la police politique) soviétique dans la forêt de Katyn. Mais, pendant près de cinquante ans, Moscou a nié sa culpabilité, accusant les nazis. Il a fallu attendre la pérestroïka pour que Mikhaïl Gorbatchev reconnaisse que Staline avait bien donné l'ordre du massacre.
«Dorénavant, le mot "Katyn" désignera une fois encore le malheur de ce pays», écrivait hier dans le journal <